Dollar/yen : la Bank of Japan sort du bois
Publié à l’origine sur la Bourse au quotidien.fr
En cette fin de mois, alors que les indices se cherchent plus qu’autre chose, Mathieu Lebrun revient sur l’une des paires qu’il avait à l’œil sur le marché des changes : la paire dollar/yen, aussi symbolisée comme suit : USD/JPY.
Je me suis penché dernièrement sur les cours du dollar/yen.
Même si au final je n’ai pas effectué de trade, une petite analyse ne me semble pas dénuée d’intérêt tant le comportement récent de la paire ressemble à un cas d’école.
Pourquoi ne pas y être allé tout d’abord ?
Nous avions un billet vert naturellement soutenu par la hausse des rendements obligataires américains (cf. celui du TNote, le dix ans américain, passé au-delà des 4,60 %).
Or, étant donné l’écart de taux avec le papier japonais (qui ne rapporte historiquement quasiment rien), nous nous retrouvons dans un cas classique de « carry trade », qui explique la tendance ascendante de moyen terme.
Pour autant, malgré la situation graphique intéressante des cours sur laquelle nous allons revenir juste après, une chose me dérangeait : le fait d’être face à la Bank of Japan (BOJ).
Car Kazuo Ueda, le gouverneur de la Banque Centrale du Japon, n’avait pas caché depuis le début du mois son intention d’agir, en mettant fin à sa politique monétaire accommodante.
Si la dernière réunion de la BOJ avait accouché d’une souris, une intervention a finalement suivi en début de semaine.
Pour en revenir à la situation de la paire, comme on le constate sur le premier graphique pris en base hebdomadaire ci-dessous, face au yen japonais, le dollar évoluait dans une large structure en triangle ascendant très « propre » (cf. rectangles grisés + flèches de couleurs).
En dézoomant un peu et en passant cette fois sur une vue journalière (ci-dessous), on voit que cette structure se décomposait dans un schéma de type « tasse avec anse ».
Ce genre de configuration ayant en général un rôle de continuation de tendance, une sortie haussière était le scénario le plus probable (l’ancien trader William O’Neil a largement commenté le phénomène dans son livre How to make money in stocks, paru dans les années 1980).
Ici, la « tasse » se situe dans les creux antérieurs visibles avec mes « V » en noir, et la « anse » apparaît dans la phase de consolidation plate de court terme de type trading range sur la droite du graphique (cf. cercle jaune).
La formation de cette « anse » était presque parfaite, car située juste sous la résistance horizontale des 152 JPY (cf. pointillés noirs).
Je dis « parfaite » car il s’agit d’un développement sain, c’est-à-dire d’une phase de réflexion des cours qui se traduit par une compression de volatilité. Type de structure qui, une fois la sortie actée, a souvent le mérite de provoquer un mouvement d’impulsivité.
Et cela n’a pas manqué, puisque depuis la mi-avril, le franchissement de ladite résistance a été suivi d’une impulsion haussière vers les 160 JPY hier matin en Asie.
Et c’est justement là que la Banque du Japon a décidé d’intervenir (cf. croix rouges sur le graphique ci-dessus).
L’avenir nous dira si la BOJ aura le dernier mot (ou si elle devra s’y reprendre à deux fois).
Mais cette petite expérience a toutefois le mérite de démontrer que le marché du Forex recèle d’opportunités…