Les repas gratuits en Indonésie vont stimuler les importations de produits laitiers
Le président élu de l’Indonésie, Prabowo Subianto, qui doit prendre ses fonctions en octobre après sa victoire aux élections présidentielles de février, s’est engagé à mettre en œuvre une initiative importante visant à fournir des repas gratuits à plus de 80 millions d’écoliers et de femmes enceintes.
Ce programme, dont le budget total de mise en œuvre s’élève à 28 milliards de dollars, devrait entraîner une augmentation des importations de produits laitiers afin de répondre aux besoins nutritionnels du pays. Actuellement, l’Indonésie a un apport calorique élevé en céréales, et seulement 16 % de sa demande en produits laitiers est satisfaite par l’offre nationale de lait frais. Par conséquent, l’industrie laitière sous-développée du pays devrait être stimulée.
Le ministère indonésien de l’agriculture a estimé que le programme de repas de midi nécessitera 4,1 millions de tonnes de lait, tandis que le ministère américain de l’agriculture prévoit une consommation de lait de 4 millions de tonnes cette année.
La production nationale ne répondant qu’à une fraction de la demande, l’Indonésie devrait augmenter ses importations de produits laitiers, notamment de lait en poudre en provenance de Nouvelle-Zélande et de bétail vivant en provenance d’Australie. Cela pourrait s’avérer avantageux pour ces fournisseurs, surtout si l’on tient compte de la baisse de la demande de la Chine.
Charlie McElhone, directeur général des produits laitiers durables chez Dairy Australia, a reconnu l’importance de l’opportunité présentée par le programme et a mentionné les discussions en cours avec les homologues indonésiens et le gouvernement australien concernant les opportunités potentielles. Toutefois, les détails n’ont pas encore été précisés, car l’industrie attend des éclaircissements de la part de l’administration de Prabowo.
La consommation annuelle de lait par habitant en Indonésie est de 16,27 kg, ce qui est nettement inférieur à celle de ses voisins d’Asie du Sud-Est et à la moyenne mondiale. L’industrie laitière du pays a été entravée par le manque de terres disponibles, les coûts élevés de l’élevage du bétail laitier et l’impact de l’épidémie de fièvre aphteuse de 2022 sur la production nationale.
Prabowo préconise depuis longtemps une “révolution blanche” pour augmenter la consommation de lait et a proposé d’importer 1,5 million de têtes de bétail laitier pour développer l’industrie et réduire la dépendance à l’égard des importations.
La Nouvelle-Zélande reste le premier fournisseur de lait de l’Indonésie, avec des exportations s’élevant à près d’un milliard de dollars néo-zélandais (600 millions de dollars) en 2023, suivie par l’Union européenne. James Robertson, directeur de la stratégie commerciale du groupe coopératif néo-zélandais Fonterra, a souligné l’importance nutritionnelle des produits laitiers, qui sont inclus dans le programme proposé pour les repas scolaires.
George Marantika, président du comité Australie-Nouvelle-Zélande de la chambre de commerce indonésienne, s’est dit optimiste quant à la capacité de l’Indonésie à fournir du lait et des produits laitiers à sa population, grâce à la consommation locale stimulée par le programme. Entre-temps, les conseillers de Prabowo ont indiqué qu’ils préféraient donner la priorité aux sources locales pour le reste du menu du programme de repas, afin de limiter les importations et de gérer les coûts. Toutefois, le programme devrait stimuler la demande de protéines, ce qui pourrait entraîner une augmentation des importations d’aliments pour volailles, comme cela a été le cas avec l’augmentation de la consommation de poulets et d’œufs.
La logistique de la mise en œuvre du programme sur des milliers d’îles indonésiennes pose des problèmes, et divers modèles sont envisagés, notamment des cuisines centralisées ou des achats auprès d’entreprises locales. Dans un premier temps, la distribution de lait pourrait être limitée à quelques fois par semaine en raison de l’insuffisance de l’offre nationale, comme l’a indiqué Ahmed Zaki Iskandar, un fonctionnaire du ministère des affaires économiques chargé de conseiller le programme.
L’accent mis par le gouvernement indonésien sur l’amélioration de la nutrition par le biais du programme de repas gratuits fait partie d’une stratégie plus large visant à améliorer la santé et à promouvoir la croissance économique à long terme dans la plus grande économie de l’Asie du Sud-Est.
Reuters a contribué à cet article.